Réflexions sur mon séjour en hôpital

Camille à l'hopital

Mise en garde : cet article s’inspire d’une hospitalisation d’urgence due à une grossesse ectopique. Poursuivez votre lecture de manière avisée si ce sujet est une corde sensible pour vous.

Depuis ma naissance, je n’étais jamais retournée à l’hôpital sauf à de rares occasions soit pour accompagner une proche en fin de vie ou pour travailler sur un projet de yoga dans une unité hospitalière.

Dernièrement, j’ai pu poser un regard différent sur ces lieux en devenant moi-même usager du service. À mon grand étonnement, quelques heures avant ma visite aux urgences, presque rien ne laissait présager que je passerais vingt-quatre heures en jaquette d’hôpital. En fait, rien ne laissait croire que mon état de santé était menacé au point de devoir recevoir une chirurgie d’urgence.

J’ai envie de vous partager certaines des réflexions qui m’ont habitée pendant mon hospitalisation. Quelques détails sur les évènements sont nécessaires pour que vous puissiez comprendre le contexte de mes pensées. Toutefois, si vous préférez lire un texte plus pragmatique sur le même sujet, je vous recommande Yoga dans un lit d’hôpital.

Accueillir le choc

Arrivée aux urgences, ma situation a été prise avec beaucoup de sérieux par le personnel médical. Environ un quart d’heure après mon entrée à l’hôpital, je me suis retrouvée allongée sur une civière en attente d’être examinée. Peu de temps après une première évaluation, une échographie confirmait ma situation. On soupçonnait une grossesse ectopique déjà rompue (ou en voie de l’être) et ayant causée une hémorragie interne et des caillots de sang dans mon abdomen. Je sais, les mots sont forts. Ils ont d’ailleurs créé tout un choc chez moi.

Ce choc, je me suis immédiatement permis de le vivre. Pas question de retenir les larmes ou de faire semblant que tout va bien. On cherche souvent à cacher certaines émotions dites négatives comme la tristesse, l’inquiétude et la peur. Pourtant, elles s’expriment si naturellement dans ce genre de contexte. Pourquoi les retenir? Autant que possible, je préfère laisser ces émotions me traverser et m’habiter pour le temps qu’elles ont à durer. Avec le recul, je suppose que l’accueil que j’ai offert à cette réaction m’a permis de recevoir la suite avec beaucoup de calme.

Les bienfaits de la solitude

Depuis mon arrivée, j’étais seule à affronter ce qui se passait, covid oblige… Mais, je n’étais pas triste de l’être. L’absence de dialogue avec autrui créait plus d’espace dans mes pensées. Cela m’aidait beaucoup à vivre dans l’instant présent et il m’était plus facile d’apprivoiser les nouvelles qu’on m’annonçait.

Lorsque je me suis sentie prête, j’ai pu contacter mon conjoint pour qu’il me rejoigne et prévenir ma famille de ce qui se passait. Mon conjoint a été avec moi pour le moment le plus important. Celui où je devais répondre aux questions de base sur mon dossier médical. Un moment plus cognitif et plus stressant.

Puis, est venu le temps de me préparer à la chirurgie. Je me suis de nouveau retrouvée seule dans le brouhaha de l’hôpital, et ce, jusqu’à mon départ. J’ai profité de solitude pour faire des expériences. J’ai notamment mis à l’essai quelques techniques de méditation sans toutefois réussir à méditer formellement pendant très longtemps.

Méditer dans un hôpital

On pourrait penser qu’un hôpital est un lieu de détresse et que la méditation y est impossible. C’est en partie vrai. Une visite en hôpital implique beaucoup de bruit et de stimulations sensorielles désagréables. Je n’ai pas pu me passer de ces aspects de l’expérience. Cependant, j’ai remarqué la place insoupçonnée que la méditation peut occuper dans une telle situation.

Déjà, au premier contact, la civière me réconfortait. Sans effort, mon esprit se déposait sur les sensations : la mollesse du matelas, la légèreté de la jaquette et la chaleur de la couverture. Bien sûr, d’autres sensations désagréables étaient aux rendez-vous comme les piqûres sur mes bras. Toutefois, j’étais étonnée de pouvoir remarquer toutes les sensations : les agréables comme les désagréables; les persistantes comme les éphémères.

Dans ces instants de contemplation, tout ce que j’avais pu pratiquer en méditant dans mon quotidien ou en retraite prenait plus de sens. Je m’ouvrais sans chercher à fuir ou à retenir ce qui survenait. Je me déposais simplement dans l’expérience du moment présent; expérience qui, quoique douloureuse, s’accompagnait de beaucoup de calme et de paix d’esprit.

Je comprenais concrètement la différence entre douleur et souffrance. J’avais très mal au ventre et aux côtes, mais je ne souffrais pas. C’est difficile à expliquer. C’est comme si ma douleur mentale ne dépassait pas ma douleur physique. Dans ce contexte, la méditation Tonglen fonctionnait bien. Je pouvais facilement m’imaginer inspirer les souffrances d’autrui et expirer des sentiments bienveillants et compatissants.

Sans surprise, méditer sur ma respiration était impossible. La douleur dans mon ventre affectait mon diaphragme et chaque inspiration intensifiait les sensations. Il était au contraire très intuitif de travailler avec Tonglen ou avec une attention ouverte.

S’éveiller dans savasana

Mon réveil de l’anesthésie générale était confus. Je l’ai vécu comme je sors d’un mauvais rêve. J’avais peur de bouger. Pourtant, il n’y avait pas de risque à ce que je rapporte des mouvements doux dans mon corps. Je me suis remise à bouger comme on sort de la posture du cadavre, savasana. Graduellement, consciemment. Doigts, poignets et bras. Orteils, chevilles et genoux.

Le retour à mon quotidien normal se compare d’ailleurs à ce moment de transition qui peut nous habiter lorsqu’on quitte un cours de yoga. Je cultive autant que possible l’état d’esprit curieux et ouvert que j’ai pu rencontrer pendant mon expérience.

Ces réflexions vous touchent? Écrivez-moi pour me partager votre expérience. Je suis curieuse de savoir si cela résonne pour vous.