Mon expérience de retraite Vipassana
Du 11 décembre au 22 décembre dernier, je suis allée en retraite de méditation au centre Vipassana de Montebello. C’était ma 3e retraite, mais mon 2e séjour de 10 jours. À mon retour, j’ai tout de suite eu envie de vous partager mon expérience. Avant de vous raconter comment ma retraite de méditation s’est déroulée, je dois vous avertir que chaque visite est unique; en participant à une retraite Vipassana, votre expérience pourrait être complètement différente.
JOUR 0 – Mon arrivée à Vipassana
Même si je me sentais bien préparée pour ma retraite, je me suis sentie fébrile dès mon arrivée. J’associe cet environnement à des moments de quiétude et de bien-être, mais j’y ressens aussi un brin d’appréhension. Méditer n’est pas toujours facile! Allais-je trouver cette retraite trop longue? Mon séjour allait-il être plus difficile que la dernière fois? Ce genre de questions trottait dans ma tête.
Lorsqu’on part pour 10 jours de méditation à Vipassana, il faut en prévoir 12 à son agenda. En effet, le jour d’arrivée est compté comme le jour 0 et le jour de départ comme le jour 11. La retraite commence officiellement dans la soirée du jour 0. J’avais donc la possibilité de parler avec les autres participants avant et pendant le repas. Cependant, j’ai préféré me faire discrète à mon arrivée et éviter les conversations. C’est un choix qu’on m’avait recommandé, car les discussions peuvent susciter toutes sortes de réflexions ou de comparaisons. Je préférais garder ma tête aussi vide que possible.
JOUR 1 et 2 – Le bonheur et l’ennui de la méditation
Au début de la retraite, je me sentais souvent heureuse, mais aussi ennuyée. J’étais pleine d’énergie et cela veut aussi dire pleine d’idées. J’avais envie de créer des projets et cela faisait en sorte que la méditation me paraissait plus ennuyeuse qu’à l’habitude. Néanmoins, j’étais contente d’être présente. Je me sentais soutenue par le cadre que fournit le centre de méditation.
Lors d’un séjour de 10 jours, la technique de méditation enseignée évolue de jour en jour en suivant un plan de cours bien structuré et pédagogique. Les premiers jours (1 à 3) sont réservés à une pratique visant à augmenter la concentration. Cette structure fonctionne bien pour moi. Dès le deuxième jour, je me sentais beaucoup plus concentrée qu’à l’habitude.
JOUR 3 – L’isolement du silence
Dès mon arrivée au centre, j’avais commencé à me sentir enrhumée. Rien de grave, mais juste assez embêtant pour devoir m’armer de mouchoirs et de désinfectant. Au jour 3, je me sentais déjà mieux, mais paradoxalement on m’a demandé de ne pas venir aux méditations de groupe, car on craignait que mon rhume ne se répande. Ne voulant pas déranger, j’ai accepté de passer la journée dans ma chambre. Je savais que je pourrais réintégrer le groupe dès le lendemain, car mon rhume était sur sa fin.
L’isolement provoqué par cette « mise en quarantaine » a eu des effets profonds sur ma méditation et sur mon état d’esprit en général. Mon attention devenait très stable. Je vivais aussi des mouvements involontaires, comme des sursauts pendant ma méditation. Je ne peux pas m’expliquer clairement ce que signifient ces mouvements ni dire s’il s’agit d’un signe de progrès. Toutefois, j’ai remarqué qu’ils ne surviennent que lorsque mon corps se détend et que mon esprit se concentre.
Cependant, rendue au 3e soir, mon isolement devenait de moins en moins intéressant et j’ai commencé à me sentir seule. J’ai eu beaucoup de difficulté à m’endormir alors que cela n’est jamais un problème pour moi. À partir de ce moment-là, toutes mes nuits ont été marquées par un sommeil léger précédé d’une longue période durant laquelle j’avais de la difficulté à m’endormir.
JOUR 4 à 9 – L’intensité de la technique Vipassana
Comme je l’avais prévue, au jour 4, j’ai pu réintégrer le groupe de méditation. Ce matin-là, ma méditation a encore pris une tournure inattendue. J’ai commencé à me rappeler des souvenirs d’enfance qui me rendaient triste. Sans chercher à contrôler les émotions que je vivais, je me suis mise à pleurer. Intérieurement, je me racontais une vie grise et misérable. Les souvenirs se sont estompés ainsi que les schémas de catastrophe que je bâtissais dans ma tête. Cependant, l’émotion de tristesse restait et je me sentais profondément seule. J’avais envie de quitter la retraite, mais je savais que je ne voulais pas sincèrement partir.
À ce moment, j’ai cherché de l’aide auprès de la professeure. Avec les réponses qu’elle m’a données, j’ai compris que je travaillais correctement et que ces souvenirs et ces émotions devraient faire partie de ma méditation. C’est là l’essence de la technique de méditation Vipassana. Rester équanime face aux sensations qui se présentent, qu’elles soient dues à des pensées ou à notre corps. Rester équanime est un art qui va souvent à l’encontre de nos habitudes. Dans la vie de tous les jours, on souhaite ardemment que les sensations plaisantes durent, et que les sensations déplaisantes disparaissent. Faire preuve d’équanimité, c’est au contraire, maintenir un équilibre mental dans toutes les circonstances, qu’on ressente du plaisir ou du déplaisir, de la joie ou de la colère.
Les jours suivants ont été marqués par toutes sortes d’émotions. J’alternais entre des émotions vives et une sensation de paix intérieure. À certains moments, j’ai ressenti beaucoup de colère. Je me sentais agressive. J’avais envie de lancer des objets, de rompre le silence pour crier. Dans ces moments, je n’avais aucunement envie de méditer et je ne pensais qu’à partir. À d’autres moments, j’étais motivée par ma pratique et je l’approfondissais avec enthousiasme. Malgré les difficultés, j’ai réalisé que quitter la retraite ne changerait rien, les difficultés que je vivais étaient dues à des émotions qui m’habitaient et non à l’environnement dans lequel je me trouvais. J’ai donc décidé de prendre la décision ferme de rester, d’aller jusqu’au bout de l’expérience.
JOUR 10 – La béatitude de retrouver les autres
L’après-midi du jour 10, dès que le silence de la retraite a été brisé, je me suis sentie à nouveau très émotive. J’avais l’impression de ne plus avoir de voix. Puis, en parlant avec les autres, j’ai commencé à me sentir complètement différente. Je me sentais tout simplement bien et comblée. Béatitude est le mot qui me vient. D’ailleurs, on nous dit souvent que cette 10e journée est primordiale. C’est un espace tampon entre l’intensité de la retraite silencieuse et le retour à la vie normale. Elle nous permet de partager les réalisations et difficultés vécues avec des gens qui ont passé à travers la même épreuve que nous.
Et après Vipassana?
Est-ce que je retournerais en retraite de 10 jours? Certainement. Chaque retraite est différente, et chacune sera motivée par de nouvelles raisons. Je ne me sentirais pas authentique de vous dire que le calme qui m’habitait après Vipassana était fantastique au point d’être ma motivation première. Oui, je me sentais profondément déposée, mais ce qui est le plus marquant pour moi, ce sont les changements que ce genre de travail occasionne sur ma façon de penser. Du point de vue de mon expérience, une retraite Vipassana n’est rien sans la continuité de la pratique. Je me sens l’esprit clair et suis consciente de mes réactions et de mes émotions. Le plus grand bienfait que me fournit la méditation, en ce moment, est celui de pouvoir prendre du recul sur ce que je ressens et sur les pensées qui m’habitent.
Comme vous l’aurez constaté, j’ai décidé de réserver cet article à l’expérience que j’ai vécue et de ne pas vous parler en détail de la technique enseignée à Vipassana. Si vous voulez en savoir plus sur le centre de Montebello et la structure du cours, visitez ce site Internet : https://suttama.dhamma.org/fr/
Si l’expérience de 10 jours vous tente aussi, écrivez-moi! Je serai ravie de vous lire.