L’agentivité dans un cours de yoga
Quand j’ai appris le terme agentivité, j’ai tout de suite pensé que c’est un concept d’actualité dans le monde du yoga. La notion d’agentivité vient du mot agency en anglais. On l’utilise en sciences sociales pour décrire la capacité d’une personne à agir sur le monde, à prendre action. Par exemple, être agent c’est comme être acteur ou actrice de sa vie, c’est avoir la capacité de faire arriver des choses et non seulement être une personne à qui il arrive des choses. Vous voyez la nuance?
Mes apprentissages les plus marquants comme élèves de yoga se sont toujours présentés lorsque j’avais l’espace pour explorer. J’apprends mieux quand on me guide dans un mouvement que lorsqu’on me le dicte. J’aime être agente de ma pratique même lorsqu’elle est dirigée.
Les professeurs de yoga ne conscientisent pas toujours leurs stratégies d’enseignement. Pourtant, être professeur implique d’utiliser un éventail de méthodes pour transmettre un savoir. Et, le choix de celles-ci influence l’expérience des élèves. Alors, j’ai pensé vous partager ici quelques pistes de réflexion qui pourraient vous inspirer à devenir, vous aussi, agents et agentes de votre pratique, et ce, quel que soit l’enseignement auquel vous avez accès.
Permettez-vous d’explorer
Je répète souvent à mes élèves que, même si c’est moi qui enseigne, c’est LEUR cours de yoga. Il n’est jamais question d’être dans ma classe pour m’impressionner ou m’écouter à la lettre. Rappelez-vous, comme élève, vous avez le droit de vous approprier votre cours. Vous en faites partie intégrante.
Par exemple, vous pourriez :
- Vous permettre de ne pas faire correctement une posture. Le professeur est là pour surveillez que vous ne vous blessiez pas, mais il n’y a rien de mal à exécuter imparfaitement un guerrier II. La forme (la posture) sert à être explorée.
- Éviter de copier ou de répéter systématiquement ce que le professeur ou d’autres élèves font. Concentrez-vous sur ce qui se passe sur votre tapis de yoga.
- Modifier une posture pour qu’elle corresponde mieux à vos besoins du moment.
- Constater qu’apprendre n’est pas un processus linéaire. Il y a des cours où vous absorberez moins d’informations (qu’elle soit intellectuelle ou kinesthésique), d’autres où vous aurez l’impression de régresser et d’autres où vous aurez le sentiment d’avoir débloqué un mouvement. Tout ça est normal.
- Observer les causes et les effets d’une consigne, d’un mouvement, d’un changement dans votre respiration, etc.
- Accepter les « je ne sais pas », « je ne le sens pas » et « je ne comprends pas » comme des réponses valables à un questionnement ou à une exploration dans un mouvement.
Choisissez votre propre rythme d’apprentissage
Souvent, un cours de yoga suit un tempo particulier. Il peut être lent, rapide ou varier. Un professeur peut aussi enseigner en donnant beaucoup de consignes ou en restant très silencieuse. C’est pour cela que je trouve intéressant, comme élève, de suivre différents enseignements à la fois. Cela me permet d’assister à des cours qui répondent à mon énergie du moment.
Que vous puissiez varier ou non le style d’enseignement que vous recevez, vous pourriez, par exemple :
- Prioriser les éléments que vous voulez travailler, et ce, même si le ou la prof vous donne plusieurs consignes pour une même posture. Il est souvent suggéré, pour faciliter l’apprentissage, de n’explorer qu’un à trois éléments à la fois.
- Insérer des pauses dans votre cours même si vous n’avez pas été invitée à le faire. Les pauses ne servent pas juste à vous reposer physiquement, mais aussi à prendre le temps d’intégrer ou de recevoir les effets d’une posture, etc.
Questionnez l’environnement de votre cours
C’est sain de questionner l’enseignement que l’on reçoit. Et, en lisant cela vous pensez sûrement au professeur ou au style de cours, mais ce ne sont pas les seuls paramètres importants. Vous pouvez aussi prendre action sur l’environnement de votre cours ou remettre en question celui-ci.
Par exemple, vous pourriez :
- Vous demander si le contexte de votre cours vous fait sentir détendu et en sécurité. Sachant qu’un environnement sécuritaire induit une plus grande réponse de relaxation, c’est un détail important! Parfois, cela peut être aussi simple que de choisir consciemment l’endroit où on dépose son tapis.
- Utiliser des accessoires qui rendent votre pratique plus adaptée à vos besoins. Par exemple, il n’y a aucune gêne à apporter des blocs de yoga dans un cours même si ceux-ci ne sont pas fournis par l’enseignant.
- Donner plus d’importance à vos signaux (sensations d’engourdissement, malaise, etc.) qu’aux consignes ou qu’à la tradition dans laquelle vous pratiquez. Le professeur ne peut pas savoir comment vous vous sentez; c’est vous qui recevez le feedback de votre corps. Écoutez-le.
Et voilà, cela vous fait une foule de pistes de réflexion pour travailler votre agentivité dans vos cours de yoga. J’espère que certaines d’entre elles vous inspirerons à prendre action ou à vous donner le pouvoir de faire des choix dans les cours que vous suivez.