Abhiniveśa : la peur de la mort

Peur de la mort

Abhiniveśa est un terme sanskrit qui réfère au concept de l’attachement à l’existence et à la peur de mort. Ce sujet est tabou. En effet, ce n’est pas très coutumier de parler de, ou plutôt d’accepter, la fin des choses. Pourtant… La vie n’est-elle pas une suite incessante de cycles ayant chacun un début, une apogée, une fin et puis une renaissance? Certains reconnaîtront ici le mantra SA-TA-NA-MA dont les sons signifient début-milieu-fin-renaissance.

De mon côté, j’ai constaté que tout, du plus simple au plus complexe, tout débute, vit, meure, puis laisse place à autre chose. Il en va ainsi pour chacune de mes respirations, chacun de mes projets et chacune de mes journées. Observez, et vous serez peut-être du même avis.

Bien que je remarque cette roue qui tourne, il semble que j’aie peur de la mort et que je sois attachée à l’existence. Cette peur viscérale, abhiniveśa, se cache subtilement derrière toutes mes autres peurs. C’est comme un instinct de conservation qui me freine ou qui me précipite. Il arrive que cette peur me paralyse ou m’insécurise. Pour illustrer simplement cette idée, je pourrais vous parler de ma tasse préférée. Une tasse très fragile en verre soufflé, un souvenir de voyage. Paradoxalement, je n’ai jamais osé l’utiliser par peur de la briser. Abhiniveśa c’est aussi la peur qui me précipite. C’est une pulsion pour la vie me pousse à penser de façon égocentrique lorsque je me sens menacée (c’est bien normal de réagir comme ça soit dit en passant!). Dans ce cas, il m’arrive aussi de la ressentir comme une peur du manque qui me crispe et me conduit à ne pas vouloir partager.

Quelle relation entretenir avec abhiniveśa?

Apprivoiser la peur de mort intellectuellement ne nous protège pas de la ressentir dans nos tripes. Pourquoi rendre tabou une facette si naturelle et inévitable de la vie? J’aime penser qu’en me familiarisant avec la mort, je l’accepterai plus facilement lorsqu’elle touchera mes proches, ou même moi-même. Mais surtout, je crois qu’en regardant la mort en face, sans la fuir ou la cacher, j’apprends à mieux vivre.