La Posture de la Chandelle : dangereuse ?

Chandelle Yoga

Il y a quelques années, un physiothérapeute qui me traite pour un problème d’arthrose au cou m’a dit : « tu es professeure de yoga… Avec ton cou, j’espère que tu ne fais pas la posture de la chandelle ». Dernièrement, une ostéopathe m’a également questionnée sur ce sujet.

La réflexion était déjà amorcée. En fait, j’enseigne rarement cette posture (Salamba sarvangasana), car elle ne convient pas à ma clientèle. Aussi, enseigner la chandelle demande beaucoup de vigilance et il faut que le contexte de la classe s’y prête. Dans ma pratique personnelle, je ne la fais que dans sa version modifiée parce qu’autrement elle m’est contre-indiquée. Est-ce que cela fait de cette posture un mouvement dangereux que l’on devrait absolument éviter? Peut-être.

Pourquoi pratiquer la chandelle?

La chandelle (Salamba sarvangasana) est un équilibre sur les épaules. Parmi les mouvements principaux, on y trouve une flexion du cou. Étirer les muscles du cou est intéressant parce que cela calme le corps. Ces muscles sont sollicités en situation de stress, car ils jouent un rôle d’orientation : qu’il y ait un danger réel ou pas, on les engage instinctivement pour repérer les issues et les menaces. Si on vit beaucoup de stress, cela peut laisser des tensions dans notre cou et nos épaules. La posture de la chandelle pourra nous aider à les soulager.

La posture de la chandelle est aussi connue pour d’autres bienfaits : elle refroidit le corps, décompresse les organes pelviens et aide à balancer les hormones. Étant moins renseignée sur ces bienfaits, je ne m’avancerai pas à vous en décrire les mécanismes.

Le problème avec la chandelle

Il est facile de mal exécuter la posture de la chandelle.

Certaines traditions de yoga enseignent la chandelle sans la supporter avec des accessoires. C’est possible de bien l’exécuter ainsi, mais cela demande des muscles rhomboïdes et élévateurs de la scapula suffisamment forts pour porter le poids du corps sans s’effondrer. Autrement, ce ne sont pas les épaules qui supportent la posture, mais les vertèbres du cou.

En exécutant la chandelle sans support par des accessoires, la plupart des gens vont garder le cou plat au sol et essayer de soulever les jambes en s’aidant de leurs mains. En procédant ainsi, on peut facilement se retrouver à pousser le poids du corps sur le cou et on s’expose à des risques de blessures importantes.

La conséquence la moins grave à laquelle on s’expose dans cette situation est celle de s’étirer un muscle. Plus inquiétant serait d’étirer le ligament de la nuque, car contrairement aux muscles, les ligaments ne reviennent pas en place une fois qu’on les a étirés au-delà de leur élasticité. Finalement, plus dommageable encore, on pourrait aussi créer (ou empirer) une blessure aux disques intervertébraux. Ceux-ci jouent un rôle crucial en agissant comme amortisseurs de chocs dans notre colonne vertébrale. Une blessure aux disques intervertébraux peut causer une compression nerveuse, ce qui est éprouvant et difficile à soulager.

Juste à y penser je me raidis! Pour en savoir plus sur mes peurs quant à cette partie de mon corps, je vous recommande d’écouter l’épisode de podcast où je raconte mon histoire de torticolis chronique.

Ma suggestion : modifier la posture de la chandelle

Pour faire la posture d’une façon qui est plus sécuritaire, il faut s’assurer de porter le poids dans les épaules et dans les coudes plutôt que dans la nuque. Pour permettre cela, on utilisera des couvertures. On placera la dernière vertèbre du cou (C7) ainsi que les épaules et les coudes sur les couvertures en s’assurant que le poids du corps est également réparti entre les épaules et les coudes. Chaque cou est différent et ainsi l’épaisseur de couvertures nécessaire pourrait varier d’une personne à l’autre. Généralement, on parle de 3 à 5 couvertures! À cela, on peut ajouter une sangle pour retenir les coudes ensemble.

Il est rare que j’exécute cette posture, car je préfère d’autres alternatives ou modifications. Ici, pour assurer la stabilité de ma posture et éviter de porter le poids de mon corps dans mes épaules, j’ai utilisé plusieurs couvertures et une sangle. Comparativement à la photo plus bas, on remarque que j’ai un visage peu détendu ce qui est pour moi un indicateur que la posture ne me convient peut-être pas.

2e modification : la chandelle avec une chaise

Il est aussi possible de modifier la posture en supportant une partie du poids du corps sur une chaise. Faites bien attention de vous faire expliquer cette variation par une professeure avant de l’exécuter à la maison pour ne pas vous blesser.

Rappelez-vous que quelle que soit la modification apportée, elle vise à imiter la posture tout en évitant de porter le poids du corps dans la nuque. Notre cou est fait pour porter le poids de la tête, pas celui du corps!

Voici mon adaptation favorite pour la chandelle : une chaise pliante de yoga, une sangle et un traversin. N’essayez pas cette posture si vous ne savez pas comment y entrer.